
Rencontre avec Françoise Frissant Le Calvez
Château Coupe-Roses
La vigne : une fenêtre sur le monde
Lorsque l’on regarde une vigne, il y a son histoire, sa naissance, le savoir-faire représentatif d’une région. Il y a son environnement naturel et son présent dépendant des saisons. Puis son futur, car chaque grain de raisin offert par cette vigne aura sa destination ; à quelques mètres de là ou à des milliers de kilomètres pour atterrir, par exemple, dans le verre d’un amateur américain sous le patio d’une vieille maison coloniale de Virginie.
Nous avons l’habitude de croiser nos vignerons du Minervois dans leurs caveaux, lors de salons, lors de marchés de terroir. Mais ce que l’on voit moins, c’est le rôle de voyagiste magique pour grains de raisins (oulàlàlà je vais me faire taper sur les doigts avec cette expression) et d’ambassadeurs du Minervois à travers le monde entier.
C’est grâce aux notions de terroir, d’amour du territoire, d’amour de la terre que nos vins sont autant appréciés dans le monde entier et que nos vignerons arrivent à exporter notre territoire en bouteille. Car au final, acheter une bouteille de Minervois au Japon devient une bonne alternative pour avoir un parfum de pierres sèches, de soleil, des capitelles dans les vignes. Une belle alternative au voyage un peu moins coûteuse.
Importations et exportations de Cultures
Pour faire voyager son vin, il faut l’amour du voyage, de la découverte des cultures, de l’avion pendant 16 heures, des décalages horaires alors qu’il faut embrayer sur les vendanges. Beaucoup de vignerons ou vigneronnes l’ont, cet amour. J’ai rencontré l’une d’entre elles : Françoise Frissant Le Calvez du Château Coupe-Roses à La Caunette.
La mappemonde sur son bureau est une parfaite illustration de son récit. Des dizaines d’horaires différentes réparties à travers le monde. Il y aussi son smartphone avec des photos de monuments japonais, de maisons traditionnelles américaines, de tablées exotiques « où on mange avec les baguettes » sans avoir la solution de secours de pouvoir demander une fourchette au serveur…
En trente ans, Françoise a visité une cinquantaine de pays, tout en adaptant ses méthodes de promotion et vente de vin français en fonction des différentes traditions et législations. On n’exporte pas pareil au Canada ou en Chine. Aussi, les moyens techniques pour cuisiner afin de montrer notre tradition culinaire ne sont pas les mêmes partout !
Si le Minervois apporte beaucoup aux habitants du monde entier en demande de culture française dans leurs verres, les vignerons qui se déplacent à travers le monde rapportent un peu de leurs voyages dans l’évolution de leur savoir faire.
« Il y a une nécessité de voir comment la vigne se développe « ailleurs », comment la viticulture est perçue dans son environnement. Certains pays ou états mettent tout en œuvre pour l’économie viticole. Des régions entières sont organisées autour du vin, chose difficilement concevable actuellement en France où le vin est quelque peu diabolisé ces derniers temps à coup de lois santé à répétition ».
« Il y a certains endroits dans le monde où le vin est produit avec une haute technicité, ce sont des vins de qualité mais il manque quelque chose. En France, nous avons ce rapport à la terre, cette histoire, cet affectif qui s’est développé pendant des centaines d’années. Nous faisons en Minervois de la haute couture plus que de la production industrielle. C’est aussi ce que recherchent les pays étrangers lorsqu’ils importent notre vin. »


Gastronomie et clichés
J’aime énormément les séries américaines du style How i Met Your Mother ou encore Scandal en passant par Desperate Housewife. Le point commun ? On boit du vin dans ces séries. Et la plupart du temps du vin Français.
Ma première réaction lorsqu’on me dit gastronomie et Etat-Unis : Mac Donald et Mal Bouffe – Je sais que je ne suis pas le seul à le penser. Et du coup, je me suis demandé comment nos Minervois peuvent s’accorder avec un Big-Mac, ou encore avec des sushis (parce que oui, évidemment les Japonais mangent des sushis matins, midi et soir #clichés)
Plus sérieusement, et sortant de ces clichés honteux, Françoise m’a apporté plusieurs éléments de réponse. « Nos vins du Minervois sont des vins épicés en bouche et taniques pour certains. Ainsi, au niveau gustatif, ils s’accordent très bien avec des burgers maisons (Burgers qui peuvent être composés de viandes dites nobles ou encore de poissons). Les pays asiatiques ont eux, dans leur cuisine, la cinquième saveur dite « unami » (les quatres autres étant le sucré, le salé, l’amer et l’acide). Cette saveur, qu’on trouve dans la sauce soja, s’accorde parfaitement avec de nombreux vins. »
Burgers américains, Udon Japonais (pâtes), Jumbalaya (plat à base de riz emblématique de la Louisiane)… En cuisson teppanyaki (cuisson sur plaque à la Japonaise)ou mijoté au feu de bois (typique des pays de l’est )… Qu’importe le plat, les vins du Minervois trouveront toujours leur place sur les tables du monde entier.
Le rendez-vous à ne pas louper
Le 5 et 6 Septembre, nous pourrons, lors de la Manifestation des 30 ans du Syndicat AOC Minervois, tester tous ces accords mets et vins qui nous paraissent insolites.
Insolites pour nous… peut-être… pour un citoyen du monde, certainement pas 😉
Un Chapiteau cuisine du monde sera donc installé et une chose est sûre, vous m’y retrouverez !