
Pur hasard calendaire, c’est en ce début de semaine « saint-valentinienne », que j’ai choisi de visiter le Château de la Redorte, resort vigneron et spa, situé en plein cœur du village éponyme, dans le Haut-Minervois. Difficile, me direz-vous, d’échapper au diktat de l’actualité et de ne pas faire l’article d’un lieu qui déploie autant de charmes romantiques. J’ai pourtant choisi le contre-pied…
Pourquoi ? Tout d’abord, parce que l’histoire de cette fête est obscure. Elle pourrait bien puiser ses origines dans la Rome antique et ses rites païens. En l’occurrence, les Lupercales, fêtes célébrées en ce temps du 13 au 15 février. Autant vous dire que ces quelques sacrifices de boucs, suivis de courses à demi-nus dans les rues, à flageller des femmes à tout-va, n’avaient rien du rituel glamorous d’aujourd’hui. Non. Même s’agissant d’un acte fort généreux, visant à célébrer et apporter la fécondité (dont Lupercus, autrement appelé Faunus, était le dieu). L’enfer était-il déjà pavé de bonnes intentions? Toujours est-il que l’église chrétienne y mit un terme. Quant à déterminer quel Valentin donna naissance à ladite célébration, nul historien ne s’accorde. Ils étaient trois. Non, peut-être deux, car Valentin de Rome et Valentin de Terni, martyrs du IIIème siècle, persécutés et exécutés, pourraient bien ne faire qu’un, semble-t-il? Toujours pas séduisant et j’arrêterai là. Vous connaissez la suite mercantile contemporaine, je suppose. Oui, chacun s’est retrouvé un 14 février, à 18h30, au sortir du boulot, arpentant désespérément un maudit Sephora-Marionnaud-et-consorts, asphyxié par un mélange d’effluves irrespirable, à repartir avec le premier flacon de parfum impersonnel (qui ne sera jamais porté), sous prétexte de ne pas rentrer les mains vides…
Enfin (et surtout), parce que, pétrie d’aigreur face au refus catégorique et inexplicable du syndicat de l’AOC Minervois de prendre en charge un séjour en all inclusive dans l’établissement, j’ai décidé de boycotter mon propre sujet (ou presque).
Alors, que vous soyez célibataire, déjà en couple, voire débordé par vos obligations parentales (raison de plus, dirais-je), ce lieu, havre de paix à l’abri des regards, vous offre bien des motifs d’y aller seul.
1. Vous êtes féru(e) de vieilles pierres, de calme et d’authenticité
(ou: votre « moitié » ne jure que par l’agitation urbaine et les hôtels contemporains à la décoration outrancière)
Cette ancienne propriété viticole du XVIIIème siècle a entièrement été réhabilitée, dans le respect du patrimoine architectural, tant dans les choix des matériaux traditionnels, que dans la conservation de bon nombre d’éléments. Au pied de l’un des monumentaux escaliers, par lequel on accède aux suites, s’élèvent deux colonnes de style Belle Époque en marbre rouge de Caunes-Minervois (exploité depuis la Rome antique et exporté de par le monde). Qui sait, vous pourriez bien y croiser, au hasard de vos déambulations, la Comtesse Dominique d’Artois? Toujours propriétaire d’une aile du château dans laquelle elle vit, elle pourrait vous conter l’histoire de sa famille, liée au lieu depuis cinq générations.
Les 25 suites et villas aménagées dans le château, ou à l’extérieur, autour du bassin de nage, offrent des espaces alliant modernité et classicisme, à la décoration soignée, jamais tapageuse. Le luxe s’y fait discret, laissant plus volontiers place au confort et à l’authenticité du mobilier. Dans les chambres, les moulures d’origine ont été restaurées et les immenses portes XIXème, préservées, sont mises en lumière par des patines aux tons pâles.
2. Vous êtes un(e) gastronome, amateur(trice) de vins et produits locaux
(ou: il/elle se nourrit exclusivement de quinoa et steacks de soja saupoudrés de graines de chia, arrosés de jus d’aloe vera)
Au restaurant du Château, qui donne sur le parc, le chef Jérôme Cavaud propose une cuisine aux accents méditerranéens, qui fait la part belle aux producteurs locaux de légumes, fromages, miel, ou encore d’olives et huiles, comme l’Oulibo. Pendant la saison, vous aurez même le privilège de partir à la recherche du « diamant noir » qui fait la renommée des terroirs audois, au cours des ateliers organisés sur les terres du Mas d’Antonin, truffière et oliveraie, situées à Argeliers.
Plus insolite, dans l’un des deux anciens tunnels historiques du château, passant sous la route et permettant de sortir des lieux sans être vu, a été aménagé un espace de dégustation. Aux côtés de Karen, vous vous initierez aux vins du Minervois, ainsi qu’à ceux des propriétaires, exploitant La Seigneurie de Peyrat, à Pézenas (ayant appartenu à Gustave Fayet).
Dans l’appellation, pour ne citer qu’elles, sont proposées les cuvées: « Aubin » du Château Massamier la Mignarde (rouge, assemblage de grenache, syrah, carignan), élevée 12 mois en barriques, dont celles du désormais célèbre « Domus Maximus »; mais aussi, « Ad Vinam Aeternam » du Château de Paraza (syrah, grenache, mourvèdre), ou encore le « Grand Vin » de l’Ostal Cazes, emblématique de l’AOC Minervois La Livinière (90 % syrah, 10 % grenache). Une sélection exigeante…Et s’il vous prend l’envie de découvrir le travail de ces mêmes vignerons, ou l’environnement, des balades à pied ou dans la mythique 2CV sont organisées en été.
3. Vous avez grand besoin de bien-être
(ou: son dernier « massage » sur votre personne, tenait plus volontiers de l’abattage à blanc d’un érable par un bûcheron canadien)
Dans le spa vigneron intérieur, outre un jacuzzi, l’établissement propose des instants de détente entre des mains expertes: massages, modelages à base d’extraits de raisins, notamment. Et pour ceux qui, comble du luxe au cœur de l’hiver, auraient envie de se plonger dans un bain à 38°, le château dispose d’un bassin extérieur, aménagé dans une ancienne barrique vigneronne, à l’abri des regards.
NB-En me relisant, je m’aperçois que mes efforts pour vous convaincre d’y aller en solo, pourraient bien s’avérer contre-productifs. Mais j’aurais tout de même essayé.
Château de La Redorte, Resort Vigneron & Spa
Rue de la Pompe Neuve, 11700 La Redorte
Tél.04 68 90 41 43
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